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Depuis leurs deux premiers EP, on savait Charles Urvoy et Martin Audrezet aussi à l'aise dans l'expérimentation que dans la synthpop mélodique. Après ces deux prologues qui voyaient leurs larges influences se fondre dans un style très personnel et hybride, ils auraient pu s'en tenir à ce don d'ubiquité et écrire rapidement la suite en usant du même savoir–faire schizophrène. Le duo a, au contraire, préféré prendre le recul nécessaire à la gestation d'un premier album saisissant de cohérence Faire confiance au temps – celui qu'il faut laisser filer pour renouveler l'inspiration et celui qui infiltre chaque morceau – voilà le leitmotiv de ces titres en apesanteur, régulièrement traversés d'audaces. Car si on reconnaît la grammaire habituelle du binôme : claviers légèrement dissonants, accords crépusculaires, inventivité rythmique...il fait preuve – en passant au long format – d'un souffle inédit. Les deux hémisphères de Colorado élargissent ainsi le cadre et se retrouvent projetés dans un tableau de Dali où – entourés de montres molles – ils regardent les minutes se dilater. Co pilotée par Timsters, la production accompagne au mieux cette évolution : plus aérée que pointilliste, elle donne au disque sa teinte lunaire tout en l'exposant à des soubresauts lumineux et hédonistes. Une vibration proche du « Divine Feminine » de Mac Miller ou de "Summer 08" de Metronomy, les deux principaux ports d'attache du groupe au moment de la composition.