Pour se projeter sur cette étape charnière du deuxième album "Paradis d'or", Foé n'a enclenché aucun décompte. Pas question pour sa part de se calquer sur l'urgence ambiante, de se trahir par précipitation, de répéter la dynamique précédente. Le garçon de vingt-cinq ans est de la trempe de ceux qui réclament de rêver au long cours. Un premier album Îl au printemps 2018, détenteur d'un trousseau de passe-partout et dont l'insouciance des débuts lui permettait de déverrouiller toutes les portes d'entrée. Foé y avait lâché une salve de chansons à la manière d'un saut en parachute ascensionnel, avec vue panoramique sur un champ de possibles. Parfois des accents à la Brel, d'autres à la Woodkid, des percées à la Stromae, de la pop symphonique, des crescendos lyriques et grandiloquents, de la pulsation hip hop, une écriture agile. Et les trois ans écoulés, alors ? Loin de l'inertie, empruntant d'autres chemins aventureux et collaboratifs, notamment des incursions dans l'univers des sœurs Berthollet, Janie, Michel et d'une flopée de jeunes rappeurs (Elyon, Tsew The Kid,…). Plus solidement armé, animé d'intentions jusqu'au-boutiste, ce perfectionniste chronique s'est surtout impliqué à chaque stade du processus de création : coréalisation du disque avec le fidèle complice Marsō (Suzane, Janie, Pierre de Maere) et de ses clips, conception de l'artwork, illustrations du livret, création des tenues avec sa bien-aimée...